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Documentaires “De la rue à l’arène”

Programme des projections 👉 https://bit.ly/3G4xuZW 

L’Institut français du Chili et le Centre d’étude des conflits et de la cohésion sociale (COES) présentent trois documentaires : Eau, Logement et Identités indigènes.

 Ces capsules font partie du projet Caminatas Constituyentes, une série de documentaires sur les mouvements sociaux en 2019, réalisée par Simon Farriol et commentée par Aldo Madariaga, Miguel Pérez et Denisse Sepúlveda, chercheurs au Centre d’étude des conflits et de la cohésion sociale (COES).  

 

Présentation  

Les mouvements sociaux de 2019 ont émergé des fragmentations sociales et spatiales historiques du Chili. Avec plus de force, ils ont mis en lumière l’impossibilité de continuer à construire une démocratie avec un tel niveau d’inégalités. Les propositions politiques qui sont nées et se sont établies malgré le contexte pandémique relatent les recompositions des peuples et des territoires à la recherche d’un autre modèle de société, en rupture avec le passé et reconstruit sur la base des droits fondamentaux. Les espaces urbains étaient et sont à la fois des scénarios, des témoins, des paysages et des acteurs de ce Chili battant.

L’Institut français du Chili présente les trois derniers chapitres de Caminatas constituyentes, une série de six documentaires sur l’expression urbaine de ces lacunes et reconstructions, racontées par trois chercheurs. Ils s’intéressent aux débats autour de l’eau, du logement et des identités indigènes au Chili, en explorant les territoires de Petorca-Putaendo, les communes de La Florida, Peñalolen et l’Araucanie.

Trois chercheurs du Centre d’étude des conflits et de la cohésion sociale (COES) : Aldo Madariaga, Miguel Pérez et Denisse Sepúlveda, ainsi que l’un des réalisateurs de Caminatas Constituyentes, Simon Farriol, réfléchissent sur le processus constituant et aux questions qu’il soulève: la mémoire, la migration et les droits fondamentaux.

L’EAU, RESSOURCE VITALE OU ÉCONOMIQUE ?

San Felipe, San Esteban, Los Andes, Putaendo, Petorca, La ligua 

Dans cette promenade (“caminata”), la caméra nous immerge dans un univers où la répartition de l’eau, ses usages et sa raréfaction redessinent les paysages : entre champs fertiles et paysages caillouteux, canalisations et cours d’eau à sec, traces d’érosion d’anciennes productions agricoles sur les flancs de montagne et vert tropical de récentes cultures d’avocat.

L’eau, ressource si vitale pour l’être humain et les écosystèmes qui coexistent avec lui, atteint des niveaux de raréfaction critiques au Chili. Si le changement climatique y est pour quelque chose, le chercheur Aldo Madariaga nous propose d’analyser en parallèle un autre facteur : la transformation de l’eau en un bien économique sous la dictature de Pinochet et ses conséquences sur le pays depuis quarante ans : la surexploitation et pollution de l’eau à des fins économiques au détriment de la consommation humaine, l’inégal accès à l’eau avec un accaparement des cours d’eau par quelques-uns et la pérennisation d’activités au non-sens écologiques.

En démystifiant l’idée selon laquelle le Chili est un pays fertile et abondant, cette vidéo offre au spectateur l’occasion de se défaire d’une vision extractiviste des ressources naturelles. Elle donne aussi la voix à celles et ceux qui au jour le jour sont confronté.e.s au manque d’eau et espèrent que la Nouvelle Constitution ouvrira un chemin vers une meilleure répartition et gestion de l’eau.

À LA CONQUÊTE COLLECTIVE D’UN LOGEMENT DIGNE

Santiago, Comunas de Peñalolén / población lo Hermida – Florida / Población Nuevo Amanecer

Dans la capitale chilienne, la flambée des prix de l’immobilier a rendu impossible l’achat ou la location de logement pour des milliers de familles. Les politiques néolibérales de subvention à la propriété mises en place sous la dictature pour les populations les plus vulnérables ont montré leur limite : attente de plusieurs années, critères exigeants, éloignement pour les bénéficiaires des zones où ils souhaitent vivre, gentrification. Aujourd’hui, ils sont 600 000 à 750 000 chiliens en attente de toit. Expulsés du marché, contraints de vivre parfois à plus de dix dans le même espace, la revendication pour le droit au logement n’est pas seulement une question sociale mais une question de dignité. Au pied de la cordillère, dans les fines ruelles de la Población Nueva Amanecer, dernier héritage de l’ancienne toma Nueva Habana, nous suivons l’anthropologue Miguel Perez. Ici, l’espace urbain est socialement et architecturalement fragmenté. Les devantures des maisons alternent entre briques rouges, tôle ondulée, matériel de récupération, et reflètent la diversité des politiques du logement des cinquante dernières années. Cette caminata nous offre une rétrospective de ces diverses politiques gouvernementales et analyse les modes d’organisation, de revendication et de stratégie mis en place par la population pour accéder à l’habitat et au droit à la ville avec l’espoir que le droit au logement soit un jour inscrit dans la Constitution.

L’accès du peuple Mapuche – peuple autochtone le plus présent en zone urbaine – aux études universitaires s’est aujourd’hui démocratisé. Au Chili, le discours méritocratique selon lequel l’éducation supérieure est un facteur majeur de mobilité sociale est partagé dans toutes les strates de la société y compris parmi les peuples autochtones. Pourtant, cette définition de la réussite fondée sur les efforts individuels ne prend pas en compte la reproduction intersectionnelle des inégalités, ni les défis et obstacles qui l’accompagnent.

IDENTITÉ(S) MAPUCHE: ENTRE LA L’INVISIBILITÉ ET LA RESIGNIFICATION

Temuco, Padre de las Casas, Cunco

Dans cette caminata filmée en plein cœur de l’Araucanie, nous verrons comment, dans ce territoire, l’université, au-delà d’être un espace de mobilité sociale, constitue un espace de reconnexion et de resignification de la culture originaire. Denisse Sepulveda, chercheure en postdoctorat au COES, nous explique comment les premières générations d’universitaires Mapuche s’y rencontrent et parlent le Mapudungun. Ils se réapproprient aussi les rites et traditions culturelles de leurs ancêtres et réapprennent l’histoire de leur peuple. Contrairement à leurs parents, qui ont dû taire leur identité et masquer leur culture pour échapper aux traitements discriminatoires, les nouvelles générations l’affirment et en font la base de leurs revendications. Depuis leur domaine de travail, que ce soit l’éducation, la santé, la recherche, elles prennent le contre-pied de l’histoire coloniale et luttent pour l’intégration d’une perspective interculturelle et linguistique, ainsi que pour la reconnaissance de leurs peuples dans la société chilienne.

Biographies

Aldo Madariaga

Chercheur associé de la ligne “Conflits politiques et sociaux” du COES et professeur à l’école de sciences politiques de l’université Diego Portales. Sociologue, titulaire d’une maîtrise en sciences politiques et d’un doctorat en économie politique de l’université de Cologne (Allemagne) et de l’Institut Max Planck pour l’étude des sociétés. Il est responsable de l’initiation Fondecyt : N°11190487 “The politics of skills training in Latin America : the role of entrepreneurs and coordinating institutions in technical education”. Ses recherches portent sur l’économie politique comparative, les politiques publiques et le développement durable.

Miguel Pérez 

Chercheur associé de la ligne Géographies des conflits, directeur de la licence d’anthropologie de l’Universidad Alberto Hurtado et universitaire du département d’anthropologie de la même université. Anthropologue social de l’université du Chili, titulaire d’une maîtrise en développement urbain de l’université catholique du Chili et d’un doctorat en anthropologie sociale de l’université de Californie, Berkeley. Ses domaines d’intérêt comprennent l’anthropologie urbaine et l’anthropologie politique, la subjectivité et les mouvements sociaux, le logement et le droit à la ville.

Denisse Sepúlveda

Elle a travaillé à l’Université des sciences appliquées et des arts de Suisse occidentale, en tant que chercheure postdoctorale. Elle est titulaire d’un doctorat en sociologie de l’université de Manchester. Son doctorat porte sur les conséquences de la mobilité sociale pour les populations autochtones et sur la manière dont elles négocient leur identité en fonction de leur classe et de leur origine ethnique. Elle est rédactrice invitée du numéro spécial “Making Sense of Social Mobility in Unequal Societies” du Sociological Research Online Journal et rédactrice invitée du numéro spécial “Education and the Production of Inequalities : Dialogues from the Global South and North” du Journal of Sociology. Elle est également coordinatrice des projets Visual Narratives, Perceptions of Contemporary Indigenous Identities et du Feminist Social Science Network.

Simon Farriol

Simon Farriol est titulaire d’une licence en arts avec une spécialisation en esthétique cinématographique de la Pontificia Universidad Católica de Chile et d’un diplôme en écriture de scénarios de films de la Escuela de Cine de Chile. En 2014, il a écrit, réalisé et produit son premier court-métrage “Un hombre en la Tierra de Dios” qui a été projeté au Festival de Cannes la même année. En 2021, il termine son deuxième court métrage “Petros”, parallèlement à son premier long métrage “The Wealth of the World, présenté en première mondiale au Festival international du film de l’Inde.

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Nov - 16 - 2022 - Déc - 06 - 2022
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